Votre nom de domaine — mapetiteentreprise.fr par exemple — c’est la pierre d’angle de votre présence en ligne. Ne pas être propriétaire de son nom de domaine, c’est prendre le risque de construire sa maison sur le terrain d’un autre.
Pourtant, chaque année, des milliers de PME réalisent que ce qu’elles pensaient être leur nom de domaine appartient en réalité à leur agence web, à un dirigeant évincé ou à un salarié licencié !
Voici l’essentiel à savoir pour bien gérer son nom de domaine, et réussir à le récupérer s’il a été « squatté ».
À quoi correspond exactement le nom de domaine ?
Pour comprendre le système des noms de domaine, imaginez une place de marché comme celle de votre ville. À un petit détail près : sur internet, il n’y a qu’une seule place de marché pour le monde entier.
Afin d’éviter que ce marché ne se transforme en un grand bazar, ses acteurs se sont accordés sur une sorte de code pour désigner chaque emplacement de façon unique et certaine : c’est l’adresse IP.
Par exemple, l’adresse IP du site de Webello, c’est 188.165.195.25. Il faut reconnaître que c’est nettement plus précis que « 3e allée à droite, 6e stand à partir du fond », non ?
Mais comme cette numérotation n’est pas facile à mémoriser par l’internaute, cette adresse IP est « traduite » sous la forme d’un nom de domaine. Par exemple, le nom de domaine de notre agence, c’est www.projekteur.fr.
Comme au marché, le particulier ou l’entrepreneur qui souhaite occuper un emplacement doit s‘adresser à une sorte de placier, le bureau d’enregistrement ou registrar en anglais.
En France, les bureaux d’enregistrement les plus connus sont Gandi, OVH ou encore 1 & 1. Mais comme les placiers, les registrars ne sont pas propriétaires du domaine convoité. Ils jouent seulement un rôle d’intermédiaire.
Ils vérifient tout d’abord que le nom de domaine est toujours disponible. Le cas échéant, ils encaissent une sorte de ticket de location, avant de vous enregistrer comme propriétaire d’un domaine auprès d’un registre. Ces registres internet régionaux centralisent ensuite toutes les informations pour le monde entier auprès d’une organisation unique, l’ICANN.
Pourquoi être propriétaire de son nom de domaine ?
Construiriez-vous une maison sur un terrain dont vous n’êtes que locataire ? Que se passera-t-il si, du jour au lendemain, un conflit éclate entre votre propriétaire et vous ? Ou pire, si votre propriétaire vous expulsait de la maison que vous avez pris soin de bâtir brique après brique ?
Votre nom de domaine, c’est en quelque sorte l’assise de votre fonds de commerce, l’adresse où vos clients ont l’habitude de se rendre pour faire leurs achats.
Mais si la législation française protège plutôt bien les entrepreneurs qui louent un local commercial, sur internet, il n’existe rien d’équivalent. Si vous faites l’erreur de louer votre nom de domaine, vous n’aurez que vos yeux pour pleurer au moment de changer de prestataire.
En effet, en matière de noms de domaine, la règle c’est « premier arrivé, premier servi ». Même si c’est l’agence web à laquelle vous faisiez aveuglément confiance !
Comment contrôler si je suis bien propriétaire de mon nom de domaine ?
Le meilleur moyen de vous en assurer, c’est de réserver dès le départ votre nom de domaine, puis de payer chaque année le renouvellement vous-même.
Acheter un nom de domaine suppose de se confronter à une procédure un peu technique, mais vous en aurez pour moins de 10 € par an et par nom de domaine. Dites-vous surtout que vous investissez dans un actif stratégique, pour vous épargner une belle pagaille ensuite.
S’il est trop tard, ou si c’est votre agence qui s’occupe de votre nom de domaine, il est utile de consulter un registre international appelé le « WHOIS ».
Pour accéder à cette base de données répertoriant tous les propriétaires de domaines, il suffit de taper « WHOIS » dans un moteur de recherche, puis de saisir l’adresse de votre site.
Si votre nom de domaine se termine en .fr, vous pouvez aussi consulter le site de l’AFNIC (en français). L’AFNIC est l’association qui gère les noms de domaine destinés au marché français et aux DOM-TOM.
Sur le WHOIS, le nom de nombreux propriétaires apparaît de façon explicite, accompagné de la mention « titulaire » ou « Registrant Contact Information ».
Parfois, la diffusion de ces informations est restreinte, ou vous voyez la mention « anonymous ». Ça veut tout simplement dire que le propriétaire du domaine a souhaité masquer ces informations, pour se protéger des spams ou d’éventuelles escroqueries.
Le cas échéant, vous pouvez parfois envoyer un message via un formulaire de mise en relation, sur le site de l’AFNIC ou sur celui d’un bureau d’enregistrement.
Pour en avoir le cœur net, vous pouvez aussi vous adresser à votre agence et relire précisément votre contrat.
Comment réagir pour récupérer mon nom de domaine ?
Vous découvrez que votre agence, ou pire, un illustre inconnu, est le propriétaire officiel de « votre » nom de domaine ? Voici comment réagir en cas de litige relatif au nom de domaine.
Cas nº 1 : le propriétaire actuel est de bonne foi
Certaines agences web s’enregistrent à votre place pour gagner du temps. D’autres fois, un ancien dirigeant, un associé ou un ex-salarié a indiqué son nom sans mesurer la portée stratégique de ce choix.
Dans ce cas, il suffit de prendre contact avec l’intéressé, puis d’entamer une procédure de transfert. Un transfert de nom de domaine est une procédure un peu complexe sur le plan technique, mais elle ne coûte que quelques dizaines d’euros.
Généralement, après avoir envoyé un mail à l’ancien et au nouveau propriétaire pour s’assurer de leur accord, le bureau d’enregistrement leur transmet un code spécifique, puis procède au transfert en 24 à 48 h.
Cas nº 2 : le propriétaire cherche à faire pression sur vous
Ses motivations peuvent être multiples : vous pousser à prolonger votre contrat s’il s’agit d’une agence web, vous revendre « votre » nom de domaine à prix d’or, ou tout simplement vous pourrir la vie.
Malheureusement, en cas de cybersquatting, l’affaire se corse sérieusement.
La meilleure solution consiste à entamer une procédure alternative de résolution des litiges. La procédure à employer dépend de l’extension du nom de domaine :
- l’UDRP pour les domaines qui finissent par .com, .net et.org
- la saisie de l’AFNIC pour les noms de domaines en .fr
- la procédure ADR pour les extensions en .eu.
Ces procédures extrajudiciaires supposent une sérieuse préparation, mais leur coût reste raisonnable : entre 250 et 4000 €. Elles durent en principe deux mois.
Pour obtenir le transfert ou la suppression du nom de domaine litigieux, vous pouvez également intenter une procédure judiciaire classique. Mais si vous devez en arriver là, armez-vous de patience… et d’un budget conséquent !